Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/766

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
564
TABLEAU GÉNÉRAL


conséquent plus de moyens de conservation pour les enfants, ce qui conduit à un accroissement de population.

Une portion de la reproduction annuelle est nécessairement employée à s’assurer une reproduction égale pour l’année suivante ; le reste forme ce qu’on appelle le produit net.

Ce produit net est ce qu’on nomme aussi produit disponible, parce qu’il peut être employé à volonté, sans altérer la reproduction. Une partie en est consommée ; le reste peut devenir un accroissement de richesse.

On voit donc naître trois classes d’hommes : ceux qui, travaillant à la culture de la terre, produisent plus qu’ils ne consomment ; ceux qui, employant ces productions premières pour en tirer les produits d’un art quelconque, ne font qu’en changer la forme, et rendent à la masse une valeur égale à celle qu’ils ont consommée ; enfin les simples consommateurs, qui détruisent et ne produisent point.

On peut même compter une quatrième et une cinquième classe : d’abord celle des commerçants, qui se chargent de conserver, de transporter les productions de la terre ou les produits du travail, et qui les vendent avec l’accroissement d’une valeur égale à celle du travail employé, ou des valeurs consommées pour procurer cette conservation, pour faire ce transport ; et ensuite la classe des hommes qui, même sans aucun travail, peuvent par leur volonté conserver, ou même augmenter la valeur d’une portion de ce qui, étant disponible dans leurs mains,