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TABLEAU GÉNÉRAL


dans un autre de la même population, on allait en conclure que le climat du premier est plus défavorable à la conservation de la vue.

On voit qu’on ne peut ici rassembler les faits qu’avec le secours de la puissance publique ; en effet, s’ils sont en petit nombre, ils ne conduisent à aucune conclusion assez probable pour en tirer des conséquences utiles, et les recherches d’un ou de plusieurs individus ne peuvent donner ce qu’on pourrait obtenir facilement par l’examen, soit des registres de naissances, de mariages et de décès, soit des tableaux de citoyens ou de gardes nationales.

Mais alors, si on veut que ces registres soient vraiment utiles à la connaissance de l’homme, il faut leur donner la forme et l’étendue qu’exige ce but jusqu’ici trop négligé. Il faut de plus trouver les moyens de disposer les dépouillements de ces registres nombreux, de manière que les tables qui en résultent puissent offrir à l’observateur tous les faits généraux qui sortent de cette masse de faits, et non pas seulement ceux que l’on aurait eu intention de chercher en dressant ces tables.

II. Les applications du calcul aux opérations intellectuelles, soit d’un homme seul, soit de plusieurs, ne présentent pas une carrière moins vaste.

En les considérant en elles-mêmes, on peut y appliquer la théorie des combinaisons.

La théorie du syllogisme, donnée par Aristote, en est le premier et presque le seul exemple.

Mais, quoique toutes les preuves rigoureuses des vérités intellectuelles puissent se réduire à cette forme,