par les passions sur la vérité, par l’ignorance active
sur les lumières. Alors, comme tous les principes
d’économie publique ont été ébranlés, comme toutes
les vérités, reconnues par les hommes éclairés, ont
été confondues dans la masse des opinions incertaines
et changeantes, on a besoin d’enchaîner les hommes
à la raison par la précision des idées, par la
rigueur des preuves, de mettre les vérités qu’on leur présente hors des atteintes de l’éloquence des mots
ou des sophismes de l’intérêt ; on a besoin d’accoutumer les esprits à la marche lente et paisible de la discussion, pour les préserver de cet art perfide par
lequel on s’empare de leurs passions pour les entraîner
dans l’erreur et dans le crime ; de cet art
qui, dans les temps d’orage, acquiert une perfection
si funeste.
Or combien cette rigueur, cette précision, qui accompagne toutes les opérations auxquelles s’applique le calcul, n’ajouterait-elle pas de force à celle de la raison ! combien ne contribuerait-elle point à en assurer la marche sur ce terrain couvert de débris, et qui, longtemps ébranlé par de profondes secousses, éprouve encore des agitations intestines !
La mathématique sociale peut avoir pour objet les hommes, les choses, ou à la fois les choses et les hommes.
Elle a les hommes pour objet, lorsqu’elle enseigne à déterminer, à connaître l’ordre de la mortalité dans telle ou telle contrée ; lorsqu’elle calcule les avantages ou les inconvénients d’un mode d’élection. Elle a les choses pour objet, lorsqu’elle évalue les