sont souvent inapplicables et vagues ; et pour les
choses qui sont susceptibles d’être mesurées, ou de
recevoir de nombreuses combinaisons, elles ne s’étendent
pas au delà des premiers principes, et deviennent
insuffisantes dès les premiers pas. Alors,
en se bornant aux raisonnements sans calcul, on
s’expose à tomber dans des erreurs, à contracter
même des préjugés, soit en donnant à certaines
maximes une généralité qu’elles n’ont pas, soit en
déduisant de ces maximes des conséquences qui n’en
résultent point, si on les prend dans le sens et l’étendue où elles sont vraies. Enfin, l’on arriverait
bientôt au terme où tout progrès devient impossible,
sans l’application des méthodes rigoureuses du
calcul et de la science des combinaisons, et la marche
des sciences morales et politiques, comme celle
des sciences physiques, serait bientôt arrêtée.
Lorsqu’une révolution se termine, cette méthode de traiter les sciences politiques acquiert un nouveau genre comme un nouveau degré d’utilité. En effet, pour réparer promptement les désordres inséparables de tout grand mouvement, pour rappeler la prospérité publique, dont le retour peut seul consolider un ordre de choses contre lequel s’élèvent tant d’intérêts et de préjugés divers, il faut des combinaisons plus fortes, des moyens calculés avec plus de précision, et on ne peut les faire adopter que sur des preuves qui, comme les résultats des calculs, imposent silence à la mauvaise foi, comme aux préventions. Alors, il devient nécessaire de détruire cet empire usurpé par la parole sur le raisonnement,