tout ce que veut le peuple, non dans les assemblées
régulières, mais lorsqu’il délibérera en tumulte dans
les rues, sous les portiques. C’est là surtout que Démagoras aime à le consulter. Jamais il ne trouve
qu’il se soit assez réservé de pouvoir ; il lui proposera
peut-être demain de faire des plans de campagne,
et de diriger lui-même du fond de la place publique
ses armées et ses flottes. Le peuple n’a-t-il
aucune fantaisie ? Démagoras tient à ses ordres des
orateurs subalternes, prêts à lui en donner de nouvelles.
La seule vue de son cortège fait frémir les
bons citoyens ; on y voit jusqu’à ceux qui ont accusé
et déshonoré son père. Si l’aréopage en poursuit
quelques-uns, il dénonce l’aréopage au peuple comme
l’ennemi de la liberté.
Un citoyen s’est-il rendu recommandable par ses vertus, ou célèbre par ses talents ? A-t-il combattu avec gloire pour la liberté ? Démagoras se déclare son ennemi, par amour pour l’égalité.
Il a toujours le mot de liberté à la bouche ; mais, lorsqu’il a été question de ne plus enlever par la violence les habitants de la Thrace pour les condamner aux mines, Démagoras, qui a des mines, a fait défendre ce brigandage par Démophage. Démophage, le plus éloquent de ses orateurs, a fait entendre au peuple qu’Athènes serait perdue, si Démagoras avait quelques talents de moins. Démagoras parle sans cesse d’égalité ; mais Démagoras, quand le roi de Macédoine était le maître, avait accumulé dans sa famille toutes les grâces dont son peu de splendeur le rendait susceptible ; mais Démagoras fait venir de