Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LVIII
BIOGRAPHIE


qu’à ses yeux, le titre d’honoraire de l’Académie n’avait pas eu le privilège de rendre honorable le ministre qui, toute sa vie, s’était fait un jeu cruel et scandaleux des lettres de cachet. Des amis timides calculaient-ils avec inquiétude le danger d’irriter M. de Maurepas, premier ministre et beau-frère de M. de la Vrillière, Condorcet répondait : « Aimeriez-vous mieux que je fusse persécuté pour une sottise que pour une chose juste et morale ? Songez-y bien, d’ailleurs : on me pardonnera plus facilement mon silence que mes paroles, car je suis bien résolu à ne point trahir la vérité. »

L’homme qui agit ainsi, Messieurs, court le risque de troubler sa vie, mais il honore les sciences et les lettres.