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LETTRE AU PRÉSIDENT, ETC.


apercevoir que l’exécution littérale du décret de l’Assemblée nationale serait susceptible de beaucoup de difficultés, principalement pour les mesures de grains. Elle a craint que s’il lui était envoyé des étalons de toutes les mesures de cette classe, qui existent dans les municipalités du royaume, le nombre n’en fût si considérable qu’aucun local ne fût assez grand pour les contenir, et qu’on ne se jetât dans un travail immense, où il serait difficile, peut-être impossible, d’éviter la confusion.

L’Académie se serait fait un devoir de surmonter ces difficultés, si elle avait pu espérer, en prenant la route la plus pénible et la plus longue, d’arriver plus sûrement au but que se propose l’Assemblée nationale ; mais elle a considéré que la plupart des mesures de grains, déposées dans les municipalités, étaient fort irrégulièrement construites ; que plusieurs avaient été altérées, et n’étaient plus conformes aux titres de leur établissement ; en soi te que l’Académie, en opérant sur de telles mesures, s’exposerait à consacrer des erreurs ou des infidélités.

Elle a considéré de plus, que le rapport des différentes mesures entre elles était communément déterminé avec une précision suffisante pour les besoins du commerce, dans l’étendue des cantons où elles sont en usage, ainsi que dans les marchés voisins ; que ces rapports étaient presque toujours établis par des titres, par des procès-verbaux déposés dans les greffes des tribunaux ou des municipalités, enfin par une tradition constante ; que de deux choses l’une : ou les expériences faites à Paris par