Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/712

Cette page n’a pas encore été corrigée
510
DISCOURS


la vérité, instruits par l’expérience, et de tout ce que peuvent les lumières pour la félicité générale, et de fout ce que les préjugés y opposent d’obstacles, eu égarant ou en dégradant les esprits, doivent porter plus loin leurs regards, et, sans doute, ont le droit de vous remercier au nom de l’humanité, comme au nom de la patrie.

Ils sentent combien, en ordonnant que les hommes ne seraient plus rien par des qualités étrangères, et tout par leurs qualités personnelles, vous avez assuré les progrès de l’espèce humaine, puisque vous avez forcé l’ambition et la vanité même à ne plus attendre les distinctions ou le pouvoir que du talent ou des lumières ; puisque le soin de fortifier sa raison, de cultiver son esprit, d’étendre ses connaissances, est devenu le seul moyen d’obtenir une considération indépendante et une supériorité réelle.

Ils savent que vous n’avez pas moins fait pour le bonheur des générations futures, en rétablissant l’esprit humain dans son indépendance naturelle, que pour celui de la génération présente, en mettant les propriétés et la vie des hommes à l’abri des attentats du despotisme.

Ils voient, dans les commissions dont vous les avez chargés, avec quelle profondeur de vues vous avez voulu simplifier toutes les opérations nécessaires dans les conventions, dans les échanges, dans les actions delà vie commune, de peur que l’ignorance ne rendit esclave celui que vous avez déclaré libre, et ne réduisît l’égalité prononcée par vos lois à n’être jamais qu’un vain nom.