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RÉCIT, ETC.


des innocents ; et il a conclu à la suppression du mémoire en faveur des trois accusés, et à une injonction à l’avocat qui l’a signé d’être plus circonspect à l’avenir ; afin de montrer par un arrêt solennel la fausseté elle danger de cette opinion trop commune aujourd’hui, que tout accusé a le droit de se défendre, et que tout homme a le droit de défendre un accusé qu’il croit innocenter.

On a été aux voix.

M. le président Rolland, de l’Académie d’Amiens, a dit qu’il fallait sévir contre le mémoire en faveur des trois accusés, avec d’autant plus de rigueur, qu’il avait produit sur les esprits un plus grand effet, afin de prouver au public à quel point le parlement méprise son opinion. Cependant quelques conseillers, comme MM. de Barillon, du Séjour, d’Outremont, de Brétignières, presque toute la première chambre des enquêtes, furent d’avis, les uns, de remettre la délibération, pour ne rien faire qui pût nuire à la défense des accusés ; les autres, de renvoyer au roi le mémoire et le réquisitoire, et de s’en rapporter à la sagesse de Sa Majesté.

M. le président de Rosambo et quelques autres ont proposé de demander au roi la réforme de la jurisprudence criminelle. On ne sait ce qui serait arrivé sans M. d'Ormesson, second président, à qui l’âge n’a point refroidi le zèle qui lui fit dénoncer autrefois les capucinades du bonhomme Toussaint, et demander un décret de prise de corps contre l’abbé de Prades, lequel ne croyait pas aux idées innées.

Il fit observer qu’en poursuivant l’auteur du mé-