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RÉCIT

DE

CE QUI S’EST PASSÉ AU PARLEMENT DE PARIS,


Le mercredi 20 août 1786 [1].


Séparateur


M. Séguier, dans son réquisitoire, a prouvé d’abord que les informations faites depuis l’arrêt contre les accusés de Chaumont en Bassigny, tendaient à les faire croire coupables, sinon du vol probable pour lequel ils avaient été condamnés à la roue, du moins de quelque autre crime.

Il a ensuite, avec beaucoup d’éloquence, exposé ce principe, que, quand la loi a parlé, la raison doit se taire : principe qu’assurément tout esprit libre, toute âme élevée ne peut refuser d’admettre.

Il a fait voir enfin la supériorité par où notre jurisprudence criminelle, si fidèlement imitée de celle que les inquisiteurs ont imaginée dans des siècles d’humanité et de raison, l’emporte si évidemment sur les coutumes anglaises, qui semblent avoir été dictées exclusivement par un respect puéril pour la qualité d’homme, et une crainte pusillanime de condamner

  1. Voyez dans le tome VII, p. 141, Réflexions d’un citoyen non gradué sur un procès très-connu.