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ET LE CALCUL DES PROBABILITÉS.


qu'il existe une cause mécanique, dont la loi de la i^cavitation ne soit qu’une conséquence ; nous manquons de moyens pour remonter jusqu’à cette cause. Bornons-nous donc à étudier la nature, sans avoir la vaine prétention de l’expliquer. Ainsi, pour nous conformer aux règles d’une saine philosophie, nous devons regarder l’attraction comme une propriété première des corps, du moins jusqu’à ce qu’il nous soit permis de pénétrer plus loin dans la connaissance de la nature.

C’est en vain qu’on veut s’appuyer de l’autorité de Newton lui-même, qui paraît avoir eu l’idée d’expliquer les phénomènes de l’attraction par le mouvement d’un fluide : le passage où il en parle n’existe pas dans la première édition de ses principes. Il l’a depuis ajouté ; mais on ne peut guère le regarder que comme un ménagement qu’il croyait propre à disposer ses contemporains à recevoir plus favorablement un système qui blessait leurs opinions philosophiques, ou bien comme un tribut que son génie payait à ces opinions. Il n’est peut-être aucun philosophe, quelque grand qu’il ait été, auquel les siècles suivants n’aient pu faire avec justice le même reproche, qui n’ait conservé une partie des idées qu’il avait reçues sans examen dans son éducation, et qui ait pu se dire que ses opinions étaient toutes l’ouvrage de sa seule raison.

C’est à des géomètres français que l’on doit le calcul des probabilités. Il n’est peut-être pas inutile de le remarquer. Les autres nations, et souvent des Français eux-mêmes, ont reproché à la nôtre de