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DISCOURS SUR L’ASTRONOMIE


les individus d’une certaine classe d’êtres ? Y a-t-il une autre différence entre la gravitation et les autres propriétés qui sont regardées comme essentielles à la matière, sinon que celles-ci frappent les yeux du vulgaire, et celles-là les yeux des hommes instruits seulement : ce qui fait qu’elle n’entre point dans les définitions ordinaires des substances matérielles ?

Pour chercher à cette propriété une cause étrangère, il faut attendre que l’observation des phénomènes nous ait donné un motif de croire que cette cause existe, nous ait offert quelques moyens de la trouver. Vous préféreriez une loi purement mécanique, un ordre où tous les phénomènes dépendraient à la fois d’un premier ordre une fois établi, et d’un premier mouvement une fois imprimé ? Vous avez raison sans doute ; mais cette hypothèse peut-elle se concilier avec les lois de la mécanique ? N’êtes-vous pas même bien loin d’avoir prouvé que l’univers puisse exister, sans supposer dans les éléments de la matière une force active qui répare les forces perdues ? Vous avez présenté cent hypothèses différentes ; mais les unes, trop vagues pour être soumises au calcul, n’ont qu’un avantage : leur absurdité, leur contradiction avec les phénomènes, n’est pas rigoureusement démontrée ; il n’est pas absolument impossible qu’elles puissent être vraies, et ce n’est pas sans doute une raison suffisante pour les admettre. Les autres, plus malheureuses encore, contredisent les lois générales de la mécanique, et ne s’accordent pas avec les phénomènes.

Nous manquons jusqu’ici de motifs pour croire