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ET LE CALCUL DES PROBABILITÉS.


peu par la philosophie corpusculaire, plus raisonnable dans ses principes, mais donl les explications n’étaient souvent ni moins vagues, ni moins ridicules, que celles des sectateurs de l’ancienne philosophie. Ces reproches ont été répétés, pendant plus de cinquante ans, par de véritables philosophes et par des savants illustres. Aujourd’hui ces mêmes reproches sont oubliés. On s’est dit : Il est démontré que tous les grands phénomènes de la nature, observés jusqu’ici, sont précisément tels qu’ils devraient être, si toutes les particules de la matière s’attiraient réciproquement avec une force qui agirait en raison inverse du carré de leurs distances. Cette force existe donc dans la nature ; mais est-elle essentielle au corps ? est-elle l’effet d’une cause plus éloignée qui nous reste à découvrir encore ? Telle est la seule question qui reste à résoudre.

La plupart des philosophes et des physiciens, surtout ceux qui ont été géomètres, l’ont regardée comme peu importante, particulièrement dans l’état actuel de nos connaissances. Ils ont mieux aimé calculer les effets qui devaient résulter de cette loi, et les comparer aux observations, que de rechercher par quelle cause elle existe. Pourquoi d’ailleurs, si cette tendance réciproque appartient aux particules de la matière, si tous les phénomènes nous forcent d’en reconnaître l’existence, auriez-vous de la répugnance à la regarder comme essentielle à la matière ? Ce mot essentiel, appliqué aux objets réels, a-t-il un autre sens, désigne-t-il autre chose, sinon qu’une propriété appartient toujours sans exception à tous