Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/680

Cette page n’a pas encore été corrigée
478
DISCOURS


per à ce malheur, qu’une connaissance élémentaire et une habitude légère des sciences exactes.

De combien de vains systèmes cette élude, si elle était plus répandue, n’eût-elle pas arrêté le progrès toujours nuisible à celui des connaissances réelles. Ces colosses si brillants ont souvent des pieds d’argile, et il ne faut qu’un peu de géométrie pour briser cette base fragile. Combien de fois n’a-t-on pas vu des hommes d’un sens droit être la dupe de calculs fondés sur des suppositions faites au hasard, regarder ces résultats comme démontrés, parce qu’ils les voyaient écrits en chiffres, et adopter sur la foi de ces calculs des opinions fausses ou dangereuses.

Nous avons cru enfin trouver dans ces études une autre espèce d’utilité. Il est dans l’éducation une époque dont on ne sent pas assez toute l’importance. C’est l’époque (et souvent elle n’est pas très-reculée) à laquelle les enfants s’aperçoivent qu’ils savent ou qu’on veut leur apprendre des choses que leurs parents ignorent. L’effet nécessaire de cette observation est, ou de les dégoûter de l’étude, ou d’affaiblir leur respect pour leurs parents. Il serait facile de trouver d’excellentes raisons pour détruire cette impression dans un jeune homme dont l’esprit serait formé ; mais je n’en connais pas de bonnes pour un enfant. Ce serait, par exemple, un grand inconvénient dans sa première éducation, si, venant à s’apercevoir qu’il est plus instruit que sa mère, il s’imaginait qu’il peut se dispenser d’étudier, ou qu’il n’a plus de leçons à recevoir d’elle. Lui dira-t-on que les connaissances qu’on cherche à lui donner ne