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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.

Nous nous proposons ici de faire, pour les premières classes de la société, ce qu’on a fait ailleurs pour celle que, dans l’opinion, on place une des dernières. Au lieu d’exposer des principes qui doivent régler un ouvrier dans la pratique de son art, le diriger dans la construction d’une machine, ou le préserver de perdre son temps à en inventer de défectueuses ou d’impossibles, nous chercherons à donner aux propriétaires de terre des principes non moins simples, qui les mettent en état de juger par eux-mêmes si les travaux qu’on leur propose sont utiles ou praticables, si les hommes qui sollicitent leur confiance ont de véritables lumières, ou seulement le mérite dangereux de savoir séduire la prodigue et crédule ignorance. Nous chercherons à donner aux gens du monde, sur les vérités fondamentales des sciences, quelques notions justes, qui les préservent du ridicule de prononcer avec prétention des mots scientifiques qu’ils n’entendent pas, ou d’ètie la dupe de ces systèmes merveilleux, dont les principes inintelligibles, mais d’autant plus féconds qu’ils sont plus vagues, rendent raison de tout, depuis la formation des planètes jusqu’à la cause de la fièvre, et expliqueraient aussi heureusement l’ordre d’un autre univers, s’il avait plu à la nature d’en offrir le spectacle à leurs inventeurs.

Ceux dont l’appareil imposant des phénomènes célestes excite la curiosité, apprendront à connaître quelle est la marche des astres, quelle loi en dirige les mouvements, et leur admiration plus éclairée n’en sera que plus grande encore. Ceux qui aiment