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DISCOURS


exige la réunion du génie des mathématiques à une sagacité et à une finesse d’esprit non moins rares que le génie. Ce fut le domaine de Daniel Bernoulli, et il y a régné longtemps sans partage.

Ces grands hommes ont laissé des successeurs dignes d’eux, et la postérité se souviendra avec reconnaissance de ces noms, que la crainte de paraître nous ériger en juges de nos contemporains nous empêche de prononcer ici.

Comment donc oser se flatter de rassembler, dans un petit nombre de leçons, cette foule de vérités et de méthodes que doit offrir une science cultivée depuis tant de siècles par des hommes de génie, dont les progrès ont pu s’arrêter, mais qui jamais n’a pu retourner en arrière ; où l’invention d’une méthode ouvre un vaste champ à des applications nouvelles, tandis que le besoin de ces applications prépare et nécessite la découverte des méthodes ?

Comment embrasser, dans un espace si resserré, une science à factuelle n’ont pu échapper ni les mouvements de ces globes qui roulent sur nos têtes, ni les lois suivant lesquelles s’unissent les éléments des cristaux qui se forment lentement au sein de la terre, ni le calcul des forces auxquelles l’Océan et l’atmosphère obéissent dans leurs oscillations immenses, ni l’ordre des vibrations qui se succèdent sous les doigts du musicien, ni ces règles invariables et éternelles auxquelles sont soumis tous les mouvements des corps, ni la méthode de découvrir une marche régulière dans les phénomènes dont les irrégularités apparentes semblent se jouer de notre in-