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DISCOURS


gémir sur les malheurs du génie persécuté ; Newton et Leibniz vivent honorés et tranquilles : entourés de disciples qui les admirent, comblés de marques d’honneur et de bienfaits par les souverains, ils ter minent en paix leur longue et glorieuse carrière. Dignes émules de ces grands hommes, deux frères du nom de Bernoulli emploient toutes les forces d’un génie puissant et infatigable à enrichir toutes les parties des mathématiques, de découvertes et de théories neuves et importantes.

Dans le même siècle, Fermât, Pascal, Huygens, avaient osé soumettre au calcul les événements produits par le hasard et cachés dans la nuit de l’avenir, déterminer les rapports de leur probabilité, et créer un art de se conduire d’une manière certaine dans les événements livrés à l’incertitude du sort.

L’astronomie avait acquis entre les mains de Cassini, de Flamstead, de Halley, une étendue, une exactitude qu’on n’eût osé prévoir, et s’était enrichie de méthodes plus certaines et plus simples. Rœmer avait mesuré la vitesse de la lumière, découverte qui depuis conduisit Bradley à celle de l’aberration des fixes.

Cependant il restait encore à trouver des principes par lesquels on pût calculer le mouvement des corps assujettis à de certaines lois ou liés ensemble, suivant différentes conditions, et à appliquer les lois générales de la mécanique rationnelle aux corps finis, aux corps flexibles et aux fluides.

Ces principes fuient trouvés par D’Alembert ; un nouveau calcul était nécessaire pour en faire l'ap-