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DISCOURS


n’y offrait, à l’avidité ou à l’ambition, des objets assez séduisants pour l’emporter sur le goût de l’occupation ou l’amour de la gloire littéraire. Mais bientôt les invasions des étrangers arrêtèrent ces premiers progrès.

Cependant, au milieu des guerres qui épuisaient presque tous les États de l’Europe, et qui ne cessaient que pour faire place h des dissertions intestines, plus cruelles encore, entre les débris que des armées sans discipline laissaient partout sur leur passage, et les bûchers allumés par l’intolérance ; tandis que le machiavélisme des princes, l’anarchie des gouvernements, la barbarie des gens de guerre, la fureur religieuse et le fanatisme de la liberté multipliaient dans toutes les nations les crimes, la dévastation et le carnage, l’esprit humain paraissait sortir lentement d’un long sommeil, et l’on voyait déjà se préparer en silence cette heureuse révolution, qui devait changer nos opinions et nos mœurs, et offrir l’espérance d’un état plus doux aux peuples épuisés par tant de siècles d’ignorance, de discoïde et de misère. Tout à coup s’élevèrent, dans les différentes contrées de l’Europe, des hommes nés pour éclairer leurs semblables et leur créer une raison nouvelle. Copernic, au nord de la Pologne, ressuscita le système de Pythagore et l’appuya de preuves plus convaincantes. S’il mourut sans avoir pu jouir de sa gloire, du moins il dut à la prudence de n’avoir publié son système que dans sa vieillesse, le bonheur d’échapper à la haine scolastique, et la superstition ne put persécuter que sa mémoire. Kepler trouva