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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


trie des bornes étroites où elle avait été resserrée, en même temps qu’il ouvrait à ses successeurs un vaste champ fermé jusqu’alors à l’intelligence humaine, dont il a reculé plus d’une limite.

D’heureuses applications de la mécanique ajoutèrent à sa gloire et la rendirent populaire ; avantage raie parmi les géomètres, qui, heureusement, ont la sagesse de savoir s’en passer. Personne n’ignore combien il prolongea le siège de Syracuse, et comment, en multipliant des miroirs plans qui faisaient tomber sur un même endroit l’image du soleil, il parvint à enflammer les vaisseaux romains, moyen décrit par les historiens du Bas-Empire, et dont le jésuite Kircher, parmi les modernes, a le premier prouvé la possibilité.

C’est Archimède qui fit connaître aux hommes jusqu’où pouvait s’étendre l’utilité qu’ils devaient attendre des mathématiques ; et celui des géomètres anciens qui fut le plus fécond en découvertes, fut aussi celui qui sut les employer avec plus de succès, et mériter à ce double titre le premier rang parmi les hommes de génie dont s’honore l’antiquité.

Les sciences se conservèrent dans l’école d’Alexandrie, même sous la domination des Romains. On est étonné que ce peuple qui, en poésie, en éloquence, en histoire, devint, dès ses premiers efforts, l’égal des Grecs, n’ait rien ajouté à leurs découvertes dans les mathématiques. Mais les Romains dédaignèrent une science qu’ils ne pouvaient employer ni à gouverner le peuple, ni à augmenter