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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


empire que celui de la force ou de la superstition.

Les mathématiques firent, en Grèce, des progrès constants et rapides. Platon écrivit sur la porte de son école cette inscription célèbre : Que celui qui ignore la géométrie n’entre pas ici ; ce qui pourrait faire croire qu’il y enseignait une autre philosophie que celle de ses Dialogues. Il donna la première solution rigoureuse du problème de la duplication du cube. Feu de temps après, ses disciples découvrirent les sections coniques, enseignèrent l’art de les employer à la solution des problèmes qu’on ne pouvait résoudre par la ligne droite et le cercle, et ces deux théories s’élevèrent à leur perfection dans l’école d’Alexandrie.

C’est dans cette même école que se formèrent Aristarque de Samos, qui le premier donna un moyen assez exact de trouver la distance du soleil à la terre, et tenta, mais inutilement encore, de faire adopter aux Grecs le véritable système du monde ; Ératosthène, qui mesura le premier un degré du méridien ; Hipparque, celui des astronomes grecs qui montra en même temps le plus de hardiesse de génie et une plus grande exactitude ; enfin le savant et laborieux Ptolémée, dont les ouvrages, heureusement conservés, ont été le fondement de l’astronomie moderne.

C’est un spectacle curieux dans l’histoire de l’esprit humain, de voir combien les Grecs furent obligés d’employer de sagacité pour reculer successivement les limites de l’univers, depuis Anaxagore, qui eut besoin d’un effort de génie pour deviner