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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


nombre entier, ni fractionnaire. Bientôt, il osa s’élever à cette observation plus générale, que tous les rapports des êtres, toutes les lois de la nature peuvent étie exprimées par des quantités du même genre ; que le véritable objet des sciences physiques est de.savoir déterminer la valeur de ces quantités, et de connaître les lois auxquelles elles sont assujetties, idée sublime et vaste qui est la première et l’unique base de toute la philosophie naturelle.

C’est ainsi que nous devons entendre ces nombres et cette harmonie de Pythagore, qui, chez des hommes trop ignorants pour saisir le véritable sens de ces expressions, ont servi de fondement ou de prétexte aux plus absurdes rêveries. Car tel était le malheur de l’espèce humaine, longtemps livrée à une ignorance stupide ou à de honteuses superstitions : le flambeau allumé par le génie, mais placé à une trop grande distance d’elle, ne lui prêtait qu’une fausse lumière et ne servait qu’à l’égarer.

On attribue aussi à Pythagore la première idée du véritable système du monde, celle de regarder comme immobiles le soleil et les étoiles, et d’expliquer leurs mouvements apparents, en supposant la terre animée d’un mouvement de rotation diurne sur son axe, et décrivant une orbite annuelle autour du soleil.

Il est vraisemblable que Pythagore devina ce système, d’après les nombreuses observations qu’il avait rassemblées dans ses voyages. Ses compatriotes le combattirent d’abord, et l’oublièrent ensuite, soit parce qu’ils ignoraient les détails de ces mêmes ob-