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DISCOURS


PRONONCÉ


DE M. CONDORCET,


A l’ouverture de la séance de l’Académie royale des sciences,du 4 septembre 1784 [1].


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Messieurs,

Ce jour glorieux pour nous semble retracer à nos yeux les temps à jamais célèbres où les héros d’Athènes ne dédaignaient pas de venir, au retour de leurs victoires, entendre dans les écoles la voix d’Anaxagore et de Socrate ; où ces Césars, si grands dans le sénat, si terribles à la tête des légions, déposant des lauriers cueillis sur les bords de l’Euphrate et du Rhin, se plaisaient à discuter les principes de la philosophie avec Apollonius, avec Pline, avec Maxime, ou à rechercher le peu qu’il était alors donné aux hommes de connaître sur les lois de la nature et sur les phénomènes de l’univers.

Mais ces temps, qui furent ceux de la gloire ou du bonheur des nations gouvernées par ces grands hommes, ne forment dans l’histoire qu’un petit nombre de jours sereins qui ont brillé de loin en loin, au

  1. M. le comte d'Œls (le prince Henri de Prusse) assistait à cette séance de l’Académie.