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DISCOURS


vous êtes revenu chargé de dépouilles plus précieuses aux yeux de la raison, que celles qu’ils ont obtenues pour prix de leurs exploits : et une compagnie savante, que l’Académie française s’honorera toujours d’avoir vu naître dans son sein, a cru ne pouvoir récompenser votre entreprise d’une manière digne d’elle et de vous, qu’en oubliant tout ce qui vous était étranger, pour ne couronner que vos travaux littéraires.

Tous ceux que les lettres et les arts occupent ou intéressent, ont lu avec avidité ce voyage où la géographie a puisé de nouvelles lumières ; où les cartes marines sont perfectionnées ; où tant de monuments sont décrits avec précision et dessinés avec goût ; où les mœurs, observées sans enthousiasme et sans humeur, sont peintes avec tant de vérité. Un heureux emploi de l’histoire ancienne de la Grèce y offre sans cesse des rapprochements instructifs ou des contrastes piquants. Ce style simple et noble, si convenable à celui qui parle de ce qu’il a vu et raconte ce qu’il a fait ; une exactitude scrupuleuse sans longueurs et sans minuties ; de la philosophie sans déclamation et sans systèmes : tels sont les caractères de cet ouvrage. L’auteur y paraît constamment animé par l’amour de l’humanité, par un sentiment profond de l’égalité primitive des hommes, qu’il est si doux de trouver dans ceux qui, s’ils n’avaient qu’une âme commune et des talents ordinaires, auraient tout à perdre par la destruction des préjugés. Ce sentiment est au fond de votre cœur comme dans vos ouvrages ; et vous avez montré, dans des circons-