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DISCOURS


DE M. CONDORCET,


En réponse à celui de M. le comte de Choiseul-Gouffier, le jeudi 26 février 1784.


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Monsieur,


Des entreprises utiles aux lettres, et de bons ouvrages, donnent également des droits à la reconnaissance publique ; et l’Académie, en vous adoptant à ce double titre, n’a été que l’interprète d’un sentiment commun à tous les amis de la littérature et de la philosophie.

Vous avez offert un grand exemple aux jeunes gens à qui le sort a fait le présent dangereux d’une grande fortune. Dans un âge où le goût de la dissipation obtient facilement l’indulgence, et la mérite peut-être, où l’on appelle sages ceux qui s’occupent de leur avancement ou de leur intérêt, amateur ardent, mais déjà éclairé, de l’antiquité et des arts, vous avez tout quitté pour aller en étudier les débris au milieu des ruines d’Éphèse et d’Athènes, et interroger les monuments de ce peuple si aimable et si grand, à qui nous devons tout, puisque nous lui devons nos lumières.

On vous a vu, entouré des paisibles instruments des arts, visiter les mêmes contrées que vos ancêtres n’avaient parcourues qu’en pèlerins conquérants ;