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DISCOURS A L’ACADÉMIE FRANÇAISE.


ces était contraire au goût dans les lettres ; tandis qu’un autre préjugé faisait craindre pour les sciences la distraction où peut entraîner l’amour de la littérature, et la facilité que donne l’art d’écrire pour faire valoir de petits objets ou voiler les défauts d’un ouvrage. Votre exemple, Monsieur, est une réponse de plus, qui doit servir à prouver combien de pareilles craintes sont chimériques. Si ces préjugés, chers à quelques littérateurs ignorants et à quelques savants médiocres, n’ont pour cause que la répugnance avec laquelle ils consentiraient à reconnaître dans un seul homme une double supériorité, votre caractère peut encore les désarmer ; et, par une exception honorable, vous échapperez sans doute à la proscription, que la médiocrité a prononcée contre tous ceux qui osent embrasser deux genres si éloignés en apparence, et ont le bonheur dangereux et rare de réussir dans tous deux.


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