Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/632

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
DISCOURS


un hommage touchant à la mémoire du maître qui avait guidé vos premiers pas dans l’étude des mathématiques. Cette histoire, où vous avez exposé l’origine et la marche d’une science au progrès de laquelle vous avez contribué, a occupé ceux même à qui l’astronomie est étrangère, et qui, entraînés par le plaisir de vous lire et de suivre vos idées, se sont instruits sans le vouloir, et presque malgré eux.

Dans la dernière partie de cette histoire, vous vous étiez imposé une tâche bien difficile, celle d’apprécier les ouvrages de savants qui existaient encore ; et vous l’avez remplie avec justice, avec impartialité même, si jamais ce mot peut convenir à des hommes. On aperçoit, à chaque page, le plaisir que vous éprouvez à reconnaître, à encourager, à célébrer le véritable talent ; et vous avez eu le mérite bien rare, de faire réussir un ouvrage où beaucoup d’hommes vivants sont loués.

Vos lettres sur l’Atlantide ont eu un avantage réservé presque uniquement aux romans et aux pièces de théâtre : celui d’avoir pour lecteurs tous ceux qui savent lire. Vous y établissez votre opinion avec tant d’adresse, vous l’avez tellement embellie par des détails ingénieux, qu’on a de la peine à s’empêcher de l’adopter. On est de votre avis, tant qu’on a votre livre entre les mains ; et il faut le quitter pour avoir la force de se défendre contre vous. En interprétant Platon, vous l’avez imité dans l’art heureux de faire aimer les opinions que vous voulez établir ; et si votre système a jamais le sort qu’ont éprouvé tant d’autres opinions, et dont le nom ou le génie