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DISCOURS


DE M. CONDORCET,


En réponse à celui de M. Bailly, le jeudi 26 février 1784.


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Monsieur,


Uni avec vous, depuis quinze ans, par les liens de la confraternité, je me trouve heureux, dans ce moment, d’avoir à féliciter l’Académie qui vient de vous adopter, et de pouvoir lui répondre qu’elle trouvera dans vous ces vertus douces et simples, ce caractère facile, mais sûr, qui attirent l’amitié en captivant la confiance ; un zèle constant pour servir l’humanité par des travaux utiles, ou la soulager par une bienfaisance noble et éclairée ; enfin, la réunion de l’amour des lettres et de l’étude, avec cette modestie sincère qui se fait pardonner les talents et les succès.

Dès vos premières années vous avez parcouru, d’un pas égal, la carrière paisible des sciences, et la carrière plus brillante, mais plus épineuse, de l’éloquence et de la littérature. De la même main qui a calculé les mouvements si compliqués de ces astres de Médicis, dont, il y a deux siècles, on ne soupçonnait pas même l’existence, vous avez tracé un éloge de Leibnitz, couronné par une savante académie. Élève de l’abbé de La Caille, vous avez rendu