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DISCOURS

LU A L’ACADÉMIE DES SCIENCES,

Lorsque la Comtesse et le Comte du Nord (depuis Paul Ier) y vinrent prendre séance, le 6 juin 1782.

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Le temps n’a pu affaiblir parmi nous la mémoire de ce jour où l’Académie vit pour la première fois un souverain [1] assister à ses assemblées et s’intéresser au récit de ses travaux ; mais ce souvenir nous est encore plus cher dans ce moment, où l’arrière petit-fils de ce prince vient, après soixante-cinq ans, occuper la même place, et nous montrer, par ce témoignage d’un amour héréditaire pour les sciences, qu’il est appelé à succéder aux grands desseins de Pierre Ier connue à son empire.

Avant le czar, aucun souverain n’avait joint le titre modeste d’académicien, à ces titres réservés aux premiers degrés des grandeurs humaines. Le vainqueur de Charles XII parut flatté de voir son nom placé dans une liste que décoraient alors les noms de Newton et de Fontenelle. Il n’y a de rang dans les sciences, écrivait-il, que ceux qui donnent l'application et le génie. Jaloux de paraître ne rien devoir qu’à lui-même, et surtout d’en donner l’exemple, il voulut mériter ses litres littéraires par ses travaux,

  1. Pierre le Grand.