à laquelle les vœux de cette compagnie l’avaient appelé. Il quitta la géométrie pour s’attacher au barreau,
et il obtint sans peine la confiance du public
et l’estime de ses confrères. Mais il ne put se résoudre
à briller dans une carrière où, pour se conformer
au goût qui dominait alors, il eût été obligé de substituer
une éloquence verbeuse et ampoulée à cette
éloquence simple et grave, la seule qui convienne à
un orateur chargé, non d’émouvoir la multitude,
mais de convaincre des magistrats. M. Saurin, fatigué
d’occupations qui contrariaient son amour pour les
lettres, espéra trouver, non plus de liberté, mais
plus de loisir dans la maison d’un prince ; et il vit
bientôt que ce n’était pas auprès des princes que
la nature avait marqué sa place. Ce ne fut enfin qu’à
l’âge de quarante-cinq ans qu’il lui fut permis de se
livrer tout entier à la passion qui l’avait toujours entraîné
vers la littérature.
Un caractère qui le portait à la méditation, une sensibilité réfléchie et profonde, déterminèrent son goût pour la tragédie ; et ses succès ont prouvé que son penchant ne l’avait point égaré. Des plans conçus avec sagesse, des pensées fortes, exprimées avec simplicité et avec énergie, des sentiments toujours naturels et vrais, des beautés vraiment tragiques, sans le mélange d’aucune de ces fautes qui prouvent que le poète n’a su ni approfondir assez son art, ni méditer assez son sujet, telles sont les qualités qui ont mérité aux tragédies de M. Saurin les applaudissements du public et l’estime des gens de lettres.
On admira dans Spartacus le caractère, neuf au