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DISCOURS DE RÉCEPTION


a ordonné du moins que dans ses vastes États l’homme ne naîtrait plus esclave. Tout semble annoncer que la servitude des nègres, ce reste odieux de la politique barbare du seizième siècle, cessera bientôt de déshonorer le nôtre.

Cet autre esclavage, qui jadis a privé du droit de propriété presque tous les hommes de l’Europe, s’éteint peu à peu dans les pays où la rudesse des mœurs et la faiblesse des gouvernements l’avaient conservé : ce fruit de l’anarchie disparaît avec elle ; et la puissance publique, plus unie et plus forte, a chassé devant elle la foule des oppresseurs.

Les infortunés, que la privation de ce sens qui lie l’homme à ses semblables condamnait à l’imbécillité et à une solitude douloureuse, ont trouvé une ressource inespérée dans l’heureuse application de l’analyse métaphysique à l’art du langage ; replacés au rang des hommes et des citoyens utiles, ils deviennent un monument touchant et immortel du génie philosophique qui caractérise notre siècle.

Des secours, dirigés par un art bienfaisant et sûr, ont rendu à la vie des milliers d’hommes livrés à une mort apparente, et que l’ignorance eût plongés vivants dans le tombeau. Des sociétés de savants, respectables par leur zèle et par leurs lumières, veillent sur la santé du peuple et sur la conservation des animaux nécessaires à sa subsistance. La bienfaisance des monarques a égalé, surpassé même, dans ces institutions paternelles, ce que l’esprit public a inspiré dans les constitutions populaires.

La voix de l’humanité a osé se faire entendre même