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DISCOURS DE RÉCEPTION


a contribué peut-être à leurs progrès autant que les génies les plus féconds, devait avoir part aux mêmes honneurs ; et vous avez traité Fontenelle comme Descartes, parce que Fontenelle a rendu communes et populaires les vérités que Descartes n’avait révélées qu’aux sages.

Cette union entre les sciences et les lettres, dont vous cherchez, Messieurs, à resserrer les liens, est un des caractères qui devaient distinguer ce siècle, où, pour la première fois, le système général des principes de nos connaissances a été développé ; où la méthode de découvrir la vérité a été réduite en art, et, pour ainsi dire, en formules ; où la raison a enfin reconnu la route qu’elle doit suivre, et saisi le fil qui l’empêchera de s’égarer. Ces vérités premières, ces méthodes répandues chez toutes les nations et portées dans les deux mondes, ne peuvent plus s’anéantir ; le genre humain ne reverra plus ces alternatives d’obscurité et de lumière auxquelles on a cru longtemps que la nature l’avait éternellement condamné. Il n’est plus au pouvoir des hommes d’éteindre le flambeau allumé par le génie ; et une révolution dans le globe pourrait seule y ramener les ténèbres.

Placés à cette heureuse époque, et témoins des derniers efforts de l’ignorance et de l’erreur, nous avons vu la raison sortir victorieuse de cette lutte si longue, si pénible, et nous pouvons nous écrier enfin : La vérité a vaincu ; le genre humain est sauvé ! Chaque siècle ajoutera de nouvelles lumières à celles du siècle qui l’aura précédé ; et ces progrès, que rien