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DISCOURS

PRONONCÉ

DANS L’ACADÉMIE FRANÇAISE,

LE JEUDI 21 FÉVRIER 1782,


À la réception de M. le marquis de Condorcet




  Messieurs,

L’honneur d’être admis parmi vous doit sans doute réveiller les illusions de l’amour-propre dans l’homme de lettres qui regarde cet honneur comme le prix de ses talents ; mais une adoption si glorieuse ne peut exciter en moi que le sentiment de la reconnaissance. Je sais combien vos justes égards pour l’illustre compagnie qui m’a honoré du titre de son interprète, ont influé sur vos suffrages : en m’admettant dans vos assemblées particulières, vous avez voulu qu’il ne me manquât aucun moyen de répondre, d’une manière digne d’elle, à la confiance qu’elle daigne m’accorder.

J’aime à devoir vos bontés au même sentiment d’amour pour les sciences, qui vous fait décerner un éloge public à la mémoire du plus célèbre de mes prédécesseurs, dans une carrière où je marche si loin de lui. Vous avez cru qu’un philosophe qui, sans avoir enrichi les sciences d’aucune découverte,