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SUR LE XXIXe LIVRE DE L'ESPRIT DES LOIS.

Ce que dit Montesquieu, chapitre 16, sur les énonciations en monnaie, n’est pas suffisant ; non-seulement il faut y ajouter toujours leur évaluation en valeurs réelles, mais il faut, suivant les cas, faire cette évaluation, ou en métal, ou en denrées ; et l’évaluation en denrées doit être faite d’après le prix moyen du blé en Europe, du riz en Asie, parce que la denrée qui sert de nourriture principale et habituelle au peuple, est la seule dont on puisse regarder la valeur comme constante ; et si la manière de vivre changeait, il faudrait faire une autre évaluation.

Nous avons dit qu’il y avait des choses qu’il faut évaluer en métal [1]. Tel est l’intérêt d’une somme d’argent prêtée, qui doit toujours être la même paitie du poids total ; tel est l’intérêt de l’achat d’une maison, d’un meuble, etc., tandis que l’intérêt de l’achat d’une terre doit être évalué en denrées.

Les lois doivent être rédigées suivant un ordre systématique, de manière qu’il soit facile d’en saisir l’ensemble et d’en suivre les détails.

C’est le seul moyen de juger s’il ne s’y est pas glissé de contradictions ou d’omissions, si les questions

  1. Cette distinction n’est point fondée. Une somme d’argent est une valeur déterminée au moment où on la prête. On doit faire en sorte que l’intérêt qu’on en paye soit toujours la même portion qu’il a été convenu de donner annuellement de cette valeur, telle qu’elle était au moment du prêt. L’emprunteur a pu en acheter tout de suite une valeur égale de biens susceptibles d’accroissement ou de décroissement.

    (Note de M. le comte Destutt de Tracy, pair de France.)