Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/584

Cette page n’a pas encore été corrigée
382
OBSERVATIONS DE CONDORCET


n’a certainement pas songé, en les écrivant, à César Borgia. Quant au livre intitulé : Le Prince ; quant à la vie de Castracani, etc., ce soi]t des ouvrages où Machiavel développe comment un scélérat peut s’y prendre pour voler, assassiner, etc., avec impunité. César Borgia passa quelque temps pour être un bon modèle en ce genre ; mais il ne s’agit point là de législation.

Pourquoi Montesquieu n’a-t-il pas compté Locke parmi les législateurs ? Est-ce qu’il a trouvé les lois de la Caroline trop simples ?

Nous sera-t-il permis de placer ici quelques idées sur le sujet de ce livre ? Nous distinguerons d’abord le cas où il s’agirait de donner à un peuple une législation nouvelle ; celui où l’on ne statue que sur une branche plus ou moins étendue de la législation ; celui enfin où la loi n’a qu’un objet particulier.

Dans le premier cas, il est d’abord essentiel de fixer les objets sur lesquels le législateur doit statuer.

Ces objets sont :

1° Les lois qui ont pour but de défendre les citoyens contre la violence ou contre la fraude ; ce sont les lois criminelles.

2° Les lois de police : elles se partagent en deux classes ; les unes ont pour objet de déterminer les sacrifices que chaque citoyen peut être obligé de faire de sa liberté, au maintien de l’ordre et de la tranquillité publique. C’est un véritable droit que l’homme acquiert en vivant en société ; et, par conséquent, il n’est pas injuste de soumettre les individus à sacrifier à ce droit une partie de leur liberté. La