Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/582

Cette page n’a pas encore été corrigée
380
OBSERVATIONS DE CONDORCET


uniformité qui donnerait à tous les habitants d’un pays, des idées précises sur des objets essentiels, une connaissance plus nette de leurs intérêts, et qui diminuerait l’inégalité entre les hommes, relativement à la conduite de la vie et des affaires.

8° Un fermier général disait aussi en 1775 : Pourquoi faire des changements ? Est-ce que nous ne sommes pas bien ?

La répugnance à changer ne peut être raisonnable que dans ces deux circonstances : 1° lorsque les lois d’un pays approchent tellement d’être conformes à la raison et à la justice, que les abus sont si petits, que l’on ne peut espérer du changement aucun avantage sensible ; 2° dans celle où l’on croirait qu’il n’y a aucun principe certain, d’après lequel on puisse se diriger d’une manière sûre dans l’établissement des lois nouvelles. Or toutes les nations qui existent sont bien éloignées du premier point, et on ne peut plus être de la seconde opinion.

9° La grandeur du génie est une de ces phrases vagues qui frappent les petits esprits et qui les séduisent, qui plaisent aux hommes corrompus, et sont adoptées par eux. Les uns, parce qu’ils ne voient rien, aiment à croire que la lumière n’existe pas ; les autres, qui la craignent, voudraient que personne ne s’avisât d’ouvrir les yeux.

10° Lorsque les citoyens suivent les lois, qu’importe qu’ils suivent la même ? Il importe qu’ils suivent de bonnes lois ; et, connue il est difficile que deux lois différentes soient également justes, également utiles, il importe encore qu’ils suivent la même,