De ce qu’un médecin, qui ne réussit pas dans le traitement d’un malade qui lui a donné sa confiance librement, n’appartient à aucun corps, il ne s’ensuit pas qu’on doive le punir ; et qu’au contraire il ne mérite aucune punition, lorsque, ayant un privilège exclusif de me traiter, il m’a empêché, en vertu de son privilège, de m’adresser à un autre qui m’aurait guéri.
Est-ce qu’en France les chirurgiens et les apothicaires ne sont pas interdits ou condamnés à des dommages, lorsqu’ils se rendent coupables d’impéritie ? Si on ne punit pas les médecins, c’est qu’il serait très-rare de pouvoir les convaincre d’avoir eu tort ; au lieu que la preuve contre les chirurgiens et les apothicaires est souvent très-facile [1].
Chapitre XV. Qu’il est bon quelquefois qu’une loi se corrige elle-même.
Tout homme qui lue un autre homme est coupable d’homicide, sinon d’assassinat, à moins qu’il ne l’ait tué à son corps défendant, pour sauver sa vie ou celle d’un autre ; et, pour être regardé comme innocent, il faut que cette excuse soit au moins probable.
La loi des Douze Tables était mauvaise. D’ailleurs
- ↑ Ajoutons : Qu’est-ce qu’un médecin d’une condition plus basse qu’un autre médecin ? Et cette condition plus basse est-elle une bonne raison de condamner ce médecin à la mort, pour la même faute pour laquelle le médecin d’une condition un peu relevée n’est condamné qu’à la déportation ? Tout cela fait frémir le bon sens.