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OBSERVATIONS DE CONDORCET


vrai, il faudrait qu’un système de lois, où il en entrerait d’injustes, pût être bon. Autrement, il est beaucoup plus simple de juger séparément chaque loi, de voir si elle ne choque pas la justice, le droit naturel. Si elle y est contraire, alors il faut la rejeter, et, dans le cas où elle aurait une utilité locale, la remplacer par une autre loi qui aurait les mêmes effets sans blesser la justice.

Dans l’exemple cité, il fallait : 1° distinguer le faux témoignage, regardé en lui-même comme un crime, et le faux témoignage considéré seulement comme un attentat contre la vie, l’honneur d’un citoyen, et prouver que c’est sous ce point de vue seul qu’il est un délit. 2° Il fallait montrer que la loi de France, non-seulement n’est pas nécessaire, mais qu’elle est mauvaise : non en ce qu’elle punit de mort, dans une affaire capitale, celui qui a causé par un faux témoignage la mort d’un innocent, mais parce qu’elle autorise à poursuivre comme faux témoin celui qui, après la confrontation, se rétracterait, ou dont le faux témoignage serait découvert ; qu’elle n’est par conséquent qu’un obstacle de plus opposé à la justification d’un innocent accusé. 3° De ce qu’il est difficile, en Angleterre, de faire périr un innocent par un faux témoignage, il ne s’ensuit pas que l’on ne doive point regarder ce crime, lorsqu’il est commis, comme un crime capital.

Ainsi, non-seulement le principe exposé dans ce chapitre est très-incertain, mais le fait employé comme exemple ne s’y applique point.

Qu’on nous permette seulement d’être un peu