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XLIII
DE CONDORCET.


taire perpétuel, son âge, lui faisaient désirer d’avoir un collaborateur, et il jeta les yeux sur son plus jeune confrère. C’était créer une sorte de survivance. Cela révolta la portion de l’Académie qui s’associait ordinairement aux inspirations de Buffon. Les amis de d’Alembert ne montrèrent pas moins d’ardeur en sens inverse.

Il est rare que des principes abstraits passionnent les hommes à ce degré ; aussi, pour tout le monde, la question bien posée était celle-ci : Le successeur de Fontenelle s’appellera-t-il Bailly ou Condorcet ?

Entre de tels concurrents la lutte ne pouvait manquer d’être noble et loyale, en ce qui dépendait seulement d’eux. Condorcet, toute sa vie profondément modeste, crut qu’il avait à donner la mesure de son expérience, de son habileté dans l’art d’écrire, et se mit à composer des éloges académiques.


Les règlements de 1699 imposaient au secrétaire perpétuel l’obligation de payer un tribut de regrets à la mémoire des académiciens que la mort moissonnait. Telle est l’origine de tant