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DIALOGUE

ENTRE

DIOGÈNE ET ARISTIPPE.


(1783.)


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DIOGÈNE.

Philosophe, tu passes ta vie à la cour d’un tyran.

ARISTIPPE.

Un philosophe doit être où les hommes ont le plus besoin de lui.

DIOGÈNE.

Aristippe flatte l’oppresseur de Syracuse.

ARISTIPPE.

Oui, mais il le désarme ; il a sauvé de la mort des amis imprudents ; la flatterie et le mensonge ne sont plus des crimes dès qu’ils sont utiles aux hommes.

DIOGÈNE.

Pour sauver ces amis, on t’a vu baiser les pieds de Denys.

ARISTIPPE.

N’importe, si c’est là que la nature a placé ses oreilles.

DIOGÈNE.

Jadis un philosophe sorti de l’école de Pythagore, si fertile en ennemis des tyrans, n’eût paru à Syracuse que pour réveiller dans l’âme des citoyens l’a-