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AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PARIS.


prenait avec eux, et de l’espèce de mépris qu’il marquait pour leur honorable simplicité. On finit par lui fermer la porte de toutes les maisons. Outré de cet affront, le marquis revint en France, et il demanda à l’Académie des sciences et belles-lettres de Lyon, dont il était associé, de lire à la rentrée publique un extrait de son voyage en Suisse. C’est là que, pour se venger de MM. de Sion et des honnêtes Valaisins, il plaça tout son persiflage et la fable ridicule des crétins. Il eût été facile au secrétaire de l’académie [1] de s’informer de la vérité des faits ; les Suisses tiennent à Lyon un rang si distingué dans le commerce, qu’il aurait eu par leur correspondance les éclaircissements les plus sûrs. Au contraire, il envoya à tous les journalistes l’extrait delà séance publique de l’académie. On y lut la fable des crétins, et c’est là que M. de Paw a trouvé ce fait, qu’il a placé dans ses Recherches philosophiques, si l’on peut donner ce nom au tissu de conséquences absurdes qu’on prétend tirer d’une multitude de faits insérés dans cet ouvrage, et la plupart aussi faux que celui des crétins.

Cependant MM. de Sion trouvèrent des vengeurs ; on s’inscrivit en faux contre le marquis de M*** ; on remplit les journaux de l’apologie des Valaisins ; mais, selon Machiavel, qui a dit : Calomnie toujours, et la plaie restera, je connais encore des gens qui croient aux crétins, sur la foi d’un jeune homme, et sur le rapport indiscret d’mi auteur qui croit écrire

  1. Feu M. Noyel de Bellerorhe