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LETTRE

AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PARIS. [1]

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Messieurs,

Je ne saurais comment concilier le séduisant éloge qu’on trouve des habitants du Valais, dans votre journal du 23 et 28 mai, avec ce qu’on en fit dans les Recherches philosophiques de M. de Paw, Londres, 1771, vol. II, page 13, si je n’étais en état de vous donner l’explication de cette contradiction singulière. Voici les propres termes de M. de Paw ; je ne copierai pas tout l’article, on peut le lire dans l’ouvrage même :

« On ne saurait mieux comparer les blafards, dit M. de Paw, quant à leurs facultés, à leur dégénération et à leur état, qu’aux crétins qu’on voit en assez grand nombre dans le Valais, et principales ment à Sion, capitale de ce pays. Ils sont sourds, idiots et presque insensibles aux coups, et portent des goitres prodigieux qui leur descendent jusqu’à la ceinture ; ils ne sont ni furieux ni malfaisants, quoique absolument ineptes et incapables de penser. Ils n’ont qu’une sorte d’attrait assez violent pour les besoins physiques, et s’abandonnent aux

  1. Cette lettre n’est point de Condorcet, mais elle est nécessaire pour l’intelligence de la réponse que fit Condorcet à la dernière partie de cet écrit. L’anecdote sur M. de Paw et les crétins du Valais a paru mériter aussi d’être conservée.