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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


ne lui laissait pas les moyens de les prévenir. Heureusement que les nombreuses séditions pour la déchéance du roi avaient forcé d’examiner cette question, et qu’il s’était formé une opinion assez générale ; et cette opinion était : 1° que nous pourrions prononcer la déchéance du roi, parce que, s’il était réellement tombé dans les cas d’abdication légale établis par la constitution, ce n’était point par des actes assez motivés pour dispenser d’une instruction et d’un jugement ; 2° que nous ne pourrions toucher au pouvoir royal sans recourir au peuple, parce qu’autrement nous nous emparions d’un pouvoir qu’il ne nous avait pas donné ; 3° que, dans ce recours au peuple, nous n’avions droit de le soumettre à aucune forme, que nous devions simple nient l’inviter à préférer celle d’une convention, et à lui en présenter l’organisation ; 4° que si l’impossibilité de laisser au roi, sans danger pour la nation, l’exercice de son pouvoir, était une fois prouvée, nous pourrions le suspendre provisoirement. Le moment de crise est arrivé, et alors nous n’avons eu qu’à rédiger cette opinion. La Convention nationale était nécessaire. Quant au roi, nous n’avions que trois partis à prendre : la déchéance ; on la demandait d’une manière assez menaçante, mais nous ne pouvions la prononcer sans montrer de la faiblesse, sans contredire les autres résolutions ; 2° la suspension ; elle est prévue par la constitution ; alors nous avions l’avantage de pouvoir marcher suivant une loi établie ; 3° un moyen terme entre l’état précédent et la suspension. Il n’était plus temps. Ce moyen eût perpé-