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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


des intrigants corrompus, instruments ou complices des tyrans, doivent finir par remporter sur elle.

Ce beau jour de la liberté universelle luira pour nos descendants ; mais, du moins, nous en aurons vu l’aurore, nous en aurons goûté l’espérance, et vous, Monsieur, vous en aurez accéléré l’instant par vos travaux, par l’exemple de vos vertus, par l’indignation qui, dans l’Europe entière, s’est élevée contre vos persécuteurs, par l’intérêt d’attendrissement et d’admiration qu’a excité ce malheur, qui n’a pu atteindre jusqu’à votre âme.

Je suis avec un inviolable et respectueux attachement, Monsieur et très-illustre confrère, votre, etc.

CONDORCET,
Secrétaire de l’Académie des sciences.


3. CONDORCET À UN JEUNE FRANÇAIS QUI SE TROUVAIT À LONDRES.


(1792.)


J’apprends avec plaisir, Monsieur, que mes lettres ne vous ont point été inutiles. Si vous voyez mylord Stanhope, dites-lui, je vous prie, de ne regarder l’événement du 10 août ni comme la suite d’un complot, ni comme celle d’un simple mouvement populaire. Il y avait plusieurs mois que je ne voyais d’autre moyen de conserver la liberté, et avec elle l’ordre établi par la constitution, si l’Assemblée ne prenait pas une marche ferme, sage, active, qui réduisît la cour à l’impossibilité de tramer des complots contre la liberté, et d’exciter sans cesse les inquiétu-