de votre avis, que l’âge affaiblit aussi bien le style
des prosateurs que la verve des poètes, et qu’il faut
dire avec Boileau à tous les hommes de lettres âgés :
Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant.
De peur que tout à coup efflanqué, sans haleine,
Il ne jette, en tombant, son maître sur l’arène.
Je compte toujours que vous voudrez bien vous donner la peine de me procurer un certain M. Lévesque [1], dont j’ai entendu dire beaucoup de bien, pour remplir la place de professeur de philosophie dont mon Académie a si grand besoin. Je suis sensible à la paît que vous prenez à ma santé. A mon âge [2], il faut toujours avoir un pied dans l'étrier, pour être prêt à partir quand le quart d’heure de Rabelais sonne.
Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte et digne garde.
- Janvier 1786.
- SIRE,
M. Lévesque accepte avec reconnaissance la place à laquelle Votre Majesté a bien voulu le destiner. J’ose me flatter qu’il la remplira bien. Il est à la fois disciple de Locke et disciple des anciens ; et joindra, à la justesse et à la précision de l’analyse moderne, cette vigueur des principes qui nous plaît tant encore