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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.

Elle a trouvé un peu trop de familiarité dans les derniers Éloges de M. D’Alembert. Les plus grands écrivains sont exposés à tomber dans ce défaut lorsqu’ils vieillissent. Voltaire lui-même n’en a pas été exempt, surtout dans ses vers, et n’a pu le cacher dans sa prose qu’à force d’esprit et de grâces. Nous y sommes portés naturellement ; nous ne l’évitons qu’en veillant continuellement sur nous-mêmes, et cette vigilance continue nous lasse et nous fatigue, lorsque nos organes commencent à perdre de leur force et de leur souplesse. J’espère avoir bientôt l’honneur de soumettre au jugement de Votre Majesté le reste de la collectionnes Éloges de mon illustre ami, et j’ose me flatter qu’elle y trouvera un grand nombre de morceaux nobles ou piquants, dont la philosophie fine et profonde obtiendra grâce pour les négligences qu’elle y remarquera.

Les gazettes nous avaient alarmés faussement [1]. L’Europe entière n’attend que de Votre Majesté le maintien de la tranquillité dont elle jouit. C’est une gloire qui vous était réservée, et qu’aucun héros guerrier n’avait encore méritée.

Je suis avec le plus profond respect, etc.


21. DU ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 12 décembre 1785.

Je vous suis infiniment obligé des Éloges académiques que vous venez de m’envoyer [2]. Je suis

  1. Sur la santé de Frédéric.
  2. Les Éloges des savants morts en 1782 ; c’était le second envoi de ce genre. Voyez la lettre précédente.