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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


condamné, il me paraît en résulter qu’on ne peut sans injustice rendre volontairement irréparable l’erreur à laquelle on est nécessairement et involontairement exposé.

Le second résultat est l’impossibilité de parvenir, par le moyen des formes auxquelles les décisions peuvent être assujetties, à remplir les conditions qu’on doit exiger, à moins que ces décisions ne soient rendues par des hommes très-éclairés : d’où l’on doit conclure que le bonheur des peuples dépend plus des lumières de ceux qui les gouvernent que de la forme des constitutions politiques ; et que plus ces formes sont compliquées, plus elles se rapprochent de la démocratie, moins elles conviennent aux nations où le commun des citoyens manque d’instruction ou de temps, pour s’occuper des affaires publiques ; qu’enfin il y a plus d’espérance dans une monarchie que dans une république, de voir la destruction des abus s’opérer avec promptitude et d’une manière tranquille.

Les conséquences peuvent être importantes, ne fut-ce que pour les opposer à cette espèce d’exagération qu’on a voulu porter dans la philosophie ; mais j’ai cru qu’il fallait se borner à les indiquer dans un ouvrage sorti des presses d’une imprimerie royale.

Je demande pardon à Votre Majesté de lui parler si longtemps de mes idées ; et je la supplie de ne regarder la liberté que je prends de lui présenter mon ouvrage, que comme un témoignage démon admiration et de mon respect.

Je ferai tous mes efforts pour répondre à la con-