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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


procurer. L’un, c’est M. Thiébault, qui était grammairien et puriste [1]. Je crois que l’abbé Beauzée [2] serait le plus capable de le remplacer, s’il voulait accepter la place. Les appointements pris ensemble montent à 1,200 risdalers, et le logement à part.

L’autre qui nous a quittés, c’est M. Prévôt qui avait le département de la philosophie et des belles-lettres. Personne n’est plus capable que vous de trouver des sujets dignes de le remplacer. Cela ajouterait, s’il était possible, à l’estime que votre caractère et vos ouvrages m’ont inspirée pour votre personne.

Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte et digne garde.

  1. Thiébault (Dieudonné), né à Laroche, bailliage de Remiremont, auteur d’un assez grand nombre d’ouvrages, la plupart très-oubliés aujourd’hui, et dont on peut voir la liste dans la Biographie universelle. Il écrivit beaucoup sur la langue française, le style, la grammaire, etc. Il avait commencé par être jésuite (sans être prêtre) et professeur au collège de Nancy. Plus tard, ayant quitté cet ordre, il fut nommé professeur de grammaire générale l’école militaire de Berlin, que fondait Frédéric II. Il passa vingtans en Prusse, pendant lesquels il recueillit les matériaux du seul ouvrage destiné à faire survivre son nom, ses Souvenirs de Berlin. Il quitta la Prusse à la fin de 1784, et revint se fixer en France, où il mourut en 1807, proviseur du lycée de Versailles.
  2. Beauzée (Nicolas), successeur de Duclos à l’Académie française, et de Dumarsais à l'Encyclopédie, est assez connu comme traducteur et grammairien. Je ne sais où Frédéric avait pris qu’il fût abbé. Il avait donné une nouvelle édition des Synonymes, de l’abbé Girard ; de là peut-être l’erreur du roi de Prusse. Il mourut en 1789.