Son curé n’a pas osé, à la vérité, lui refuser la sépulture.
Il savait que j’aurais le courage d’invoquer contre
cet acte de fanatisme l’autorité des lois, et que
cette réclamation serait écoutée ; le prêtre s’est donc
borné à refuser la sépulture dans l’église, distinction
absurde en elle-même, mais encore en usage
parmi nous, qu’on ne refuse point à ceux qui la
payent, et à laquelle les amis de M. D’Alembert attachaient quelque prix, parce qu’elle leur donnait le
droit de lui ériger un monument. Le curé a joint à ce
refus celui de tous les petits honneurs qu’il pouvait
ne pas accorder sans se compromettre ; et M. D’Alembert
a été porté, sans appareil, au milieu d’un peuple
étonné que ses prêtres traitassent avec tant d’indécence
un homme dont ces mêmes prêtres n’avaient
jamais en vain sollicité la bienfaisance, dans les besoins extraordinaires des pauvres.
M. D’Alembert a laissé un volume d’ouvrages de mathématiques, et plusieurs volumes de philosophie et de littérature, prêts à être imprimés. Je me propose de donner une édition complète de ses œuvres philosophiques et littéraires, et j’ose demander à Votre Majesté la permission de la faire paraître sous ses auspices. C’est au nom seul de M. D’Alembert que je sollicite cette grâce ; le mien est trop obscur et trop peu connu de Votre Majesté.
M. D’Alembert m’a remis, la surveille de sa mort, sa correspondance avec Votre Majesté et tous ses papiers. Il a conservé, pendant cette opération, qui a été longue et bien douloureuse pour l’amitié, une fermeté, une présence d’esprit, un calme dont il était