Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXVI
BIOGRAPHIE


tel, si un peu d’injustice envers Rousseau, et trop de sensibilité au sujet des sottises de Fréron, ne faisaient apercevoir qu’il est homme… » À l’occasion de quelques articles du Dictionnaire philosophique, alors inédits, articles dont l’importance ou l’originalité pouvaient être l’objet d’un doute, Condorcet disait dans une autre lettre : « Voltaire travaille moins pour sa gloire que pour sa cause. Il ne faut pas le juger comme philosophe, mais comme apôtre. »

Certains travaux de Voltaire pouvaient-ils être appréciés avec plus de mesure, de goût, de délicatesse ?

Le malheureux Gilbert disait dans sa célèbre épître :


Saint-Lambert, noble auteur dont la muse pédante
Fait des vers fort vantés par Voltaire qu’il vante.


Le poëte avait circonscrit son accusation ; cent prosateurs se chargèrent de la généraliser. Voltaire devint une sorte de Dalaï-Lama du monde intellectuel. Ses amis furent des courtisans dépourvus de dignité, dévoués aveuglé-