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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.

Je ne puis être de voire avis sur la manière dont vous faites dépendre le prix du nombre des acheteurs et des vendeurs. En supposant que s’il y a cinquante vendeurs, par exemple, ils n’aient à vendre que la moitié des marchandises que cent vendeurs auraient à vendre, et de même pour les acheteurs (en sorte que chaque individu ait toujours une quantité égale à vendre ou à acheter), leur nombre n’est plus qu’une quantité abstraite, et non le nombre réel des acheteurs ou des vendeurs. D’ailleurs, indépendamment de la quantité totale des marchandises ou demandées ou exposées en vente, les variations de ces nombres peuvent influer sur le prix. Ainsi, de quelque manière que vous entendiez ces nombres, je ne crois pas qu’ils puissent être regardés comme les seuls éléments du prix. Mais quand cela serait vrai, comment pourrait-on prouver que le prix est égal au rapport de ces deux nombres multipliés par une quantité invariable ? Les faits ne peuvent donner de ces mesures précises, et paraîtraient plutôt contredire celle-là. Quant au raisonnement analytique que votre éditeur emploie, son analyse est fort ingénieuse ; mais les conditions par lesquelles il détermine sa fonction ne sont pas suffisantes : il y a une infinité d’autres fonctions qui y satisferaient. Ainsi, Monsieur, je crois qu’il vaudrait mieux vous borner à déterminer les qualités variables qui, en augmentant, peuvent faire augmenter le prix, et celles qui le peuvent faire diminuer, sans même aller jusqu’à déterminer comment elles peuvent se compenser les unes les autres. Il me semble que ni les faits, ni les